Michel, vous avez fait carrière, trente années durant, dans la comptabilité avant de finalement vous reconvertir dans l’immobilier suite à une formation ifocop de Négociateur immobilier. Quel a été l’élément de ce changement de vie professionnelle ?
Michel : La première impulsion ne vient pas de moi, puisque je me suis retrouvé sur le marché du travail suite à un licenciement pour raison économique. Forcément, cela n’a pas été une bonne nouvelle d’apprendre du jour au lendemain qu’il allait falloir « pointer chez Pôle Emploi », comme on dit ; mais par ma position de comptable, j’avais senti le vent tourner et commencé à ouvrir mon esprit… Sans trop savoir ce que serait la suite, j’avais déjà une certitude : je ne poursuivrais pas dans la comptabilité, ni dans le salariat. Il me fallait explorer autre chose. Mais quoi ? C’est cette question qui est le véritable élément déclencheur d’un projet pour lequel, du coup, je fus le moteur : celui de me reconvertir.
Apprendre un nouveau métier, retourner sur les bancs de l’école à 55 ans, cela ne vous a pas effrayé ?
Michel : Pas le moins du monde. J’y ai même vu une bouffée d’oxygène, l’opportunité de casser la routine et d’envisager autrement les rapports hiérarchiques, le sens donné à mon travail. À aucun moment, l’âge n’est venu agir comme un frein dans mes projets. Je voyais plutôt mes atouts : expérience, références, savoir-être. Et puis, j’aime apprendre. Enfin, il faut le dire, dans le cadre d’un CSP (contrat de sécurisation professionnelle) et à double titre quand on est senior, on est particulièrement bien suivi et accompagné. J’avais un revenu minimum garanti, je savais que le coût de ma formation pourrait être pris en charge par les droits acquis au long de ma carrière et mon crédit CPF (Compte Personnel de Formation) était suffisant pour financer la première étape indispensable à mon projet : un bilan de compétences.
L’âge n’est même pas un sujet, à ce stade. On vous questionne plutôt sur vos envies, vos savoir-faire (y compris ceux dont vous ne soupçonnez même pas l’existence), sur les compétences transférables à un autre secteur d’activité ou métier. Les principaux items qui sont ressortis à l’heure du bilan étaient la rigueur, la précision, le besoin d’avoir des rapports humains. Et mon intérêt pour l’immobilier, mon activité en tant que membre du conseil syndical de mon immeuble, ont naturellement créé une passerelle vers ce monde-là.
Vers le métier de Négociateur Immobilier ?
Michel : Non, vers l’immobilier en général. C’est en réalisant des enquêtes métiers auprès d’un gestionnaire locatif, d’un agent immobilier et d’un diagnostiqueur que j’ai affiné mon choix et engagé ensuite les démarches pour me former avec ifocop.
Pourquoi ifocop, justement ?
Michel : J’ai choisi ifocop sur recommandation de la coach qui m’accompagnait dans mon bilan de compétences. En y regardant de plus près, j’ai été séduit par le format de la formation, par sa durée, par l’équilibre donné entre théorie et pratique, par le stage obligatoire et bien sûr par la qualité de la certification, qui ouvre des portes sur le marché du travail.
L’âge a-t-il été un frein pour la recherche de stage ?
Michel : Non, d’autant qu’un stage n’engage pas à recruter à la suite, même si ce fut le cas pour beaucoup de camarades de ma promotion, y compris pour moi. Même si depuis j’ai rejoint une autre entreprise et Pierre, qui se trouve à mes côtés aujourd’hui…
Et à votre niveau, Pierre ?
Pierre : À mon niveau, je dois dire que l’âge de Michel représente pour moi un véritable atout. Non seulement son expérience nous est profitable, mais cela rassure une part de nos acquéreurs, qui sont eux-mêmes plus âgés. Et puis, dans l’immobilier, on n’a pas le temps pour ces considérations-là ! Le nerf de la guerre, c’est la recherche et la vente de biens, rien d’autre. C’est le résultat qui compte. Chacun ses atouts, sa déontologie, à tout âge.
Cela a le mérite d’être clair.
Pierre : Je suis très sincère dans ce que je vous dis là. Sans chercher à être particulièrement provocateur, je vous répondrai même que son âge a été un argument décisif, le premier demeurant bien sûr son envie, très palpable. Elle façonne des individus « qui se la donnent », qui s’inscrivent dans une démarche durable à nos côtés, qui n’ont pas peur de se remettre en question… et qui viennent d’ailleurs de le prouver en s’offrant une nouvelle carrière quand certains, parfois plus jeunes, commencent déjà à se laisser glisser vers la retraite ! Alors, évidemment, je sais que ça ne fonctionne pas partout ailleurs comme ça, mais dans l’immobilier, il y a ce truc incroyable…
Quel truc ?
Pierre : Si un client rentre et que deux agents, l’un plus jeune, l’autre plus âgé, se trouvent face à lui, c’est vers le plus âgé qu’il se tournera spontanément.Les tempes grises font transparaître connaissance, sagesse. On se dit « celui-là, celle-ci, il/elle a de la bouteille, il/elle sera en capacité de vendre mon bien ou de s’occuper de mon projet ».
C’est totalement subjectif.
Pierre : Tout autant que la discrimination liée à l’âge dont certains souffrent dans leur recherche d’emploi. Ce qui est d’ailleurs cocasse dans l’histoire que je viens de vous raconter, c’est que parfois le plus jeune des deux agents a beaucoup plus d’expérience et de bouteille que notre « senior junior » comme par exemple Michel. Et puis tant qu’on est jeune dans sa tête…
L’immobilier attire beaucoup de profils, notamment plus matures. Pourquoi, selon vous ?
Pierre : Je pense que c’est une profession dans laquelle on s’imagine bien vieillir. C’est d’ailleurs mon cas puisque j’y suis moi-même venu dans le cadre d’une reconversion pour les raisons que j’ai pu évoquer précédemment, mais aussi pour la liberté qu’il procure, pour l’indépendance… Si Michel a choisi d’aller dans le dur, directement, en tant qu’agent commercial plutôt qu’en tant que salarié, c’est notamment pour cette raison, si j’ai bien suivi.
Michel : La liberté, l’indépendance, le challenge, la rémunération, c’est un tout. Mais je rejoins Pierre quand il dit qu’à l’approche de la soixantaine, on se sent certes encore jeune dans sa tête, mais on n’est plus forcément en capacité de rendre des comptes, d’être régi par des règles trop restrictives. L’immobilier offre une part de liberté très appréciée à ce stade de la vie. Après, je préfère prévenir : faire le choix de travailler en tant qu’agent co’, c’est accepter de patienter plusieurs mois avant de récolter le fruit de ses efforts et de gagner enfin sa vie. La commission agence est forcément plus élevée, mais tant qu’elle ne tombe pas… Il faut avoir un bagage financier pour tenir la durée.
Quel avantage voyez-vous à embaucher un senior, qui est aussi un « junior » du métier, car fruit d’une reconversion professionnelle récente ?
Pierre : Qui dit formation récente, dit connaissances à jour, compétences remises à l’épreuve, maîtrise de nouveaux outils et de schémas organisationnels innovants qui peuvent être profitables sinon à son activité, alors à l’agence toute entière.
Michel : Et puis, ça crée un échange, on s’apporte mutuellement des choses. D’ailleurs Pierre, va falloir reparler des visites virtuelles et de notre présence sur les réseaux sociaux !
Pierre : Vous voyez de quoi je parle ? D’ailleurs, j’en profite pour passer un message aux équipes ifocop : si vous avez d’autres Michel, ou Micheline d’ailleurs, on est preneur !
UN MOT SUR LA FORMATION
J’ai trouvé la formation bien fichue, très opérationnelle. J’ai apprécié le langage technique, les mises en situations lors des jeux de rôle, le caractère concret des exercices. Je me souviens des études de cas dans les cours de droit. On nous présentait un profil d’acquéreurs, puis on nous demandait de lister les pièces à réclamer, d’en expliquer la raison. On devait ensuite énumérer les éléments à intégrer dans le compromis de vente, argumenter… Ce que je fais aujourd’hui, en tant que professionnel en activité. Les formateurs ne perdent pas de temps avec nous… et nous non plus ! »