C’est un fait. Nous avons tous tendance à penser que l’écran « fait écran » et nous protège alors qu’en réalité, il nous expose et peut même nous faire courir des risques de natures diverses. « Le respect de quelques règles élémentaires permet heureusement de se prémunir et d’éviter de belles galères », rassure immédiatement notre expert, Bruno Martin. Mais avant d’aborder concrètement les bons gestes à suivre pour naviguer sur internet ou tout simplement utiliser vos terminaux numériques sans courir de risque inutile, réfléchissons à cette remarque, formulée en préambule par notre coach-formateur : la « faille » n’est ni technique, ni logistique, mais humaine. En d’autres termes : elle se situe entre le fauteuil et le clavier. C’est donc au niveau de nos usages que se trouve le(s) problème(s)… et aussi les solutions !
Décoder nos usages (et pourquoi certains galèrent)
Comment se prémunir d’un danger qu’on ignore ou qu’on ne comprend pas ? Voilà qui, en synthèse, pourrait justifier notre manque d’hygiène informatique.
- Effectivement, on nous a mis des tablettes, smartphones, logiciels et ordinateurs entre les mains…. Mais a-t-on seulement été (in)formés ?
- Le « tout numérique », OK… Mais savez-vous que 13 millions de Français sont encore, en 2022, en situation de fracture numérique* ? Et les jeunes, coutumiers du Smartphone, mais moins de l’ordinateur traditionnel, ne sont pas exclus de cette nouvelle injustice sociale ! *récent rapport de la Défenseure des droits
- Face à nous, des robots, des intelligences artificielles, des algorithmes… Mais comment analysent-ils nos comportements… et surtout, dans quel but ? Et puis, Metavers, 5G, transhumanisme, IA, Réalité augmentée ou virtuelle… Pour beaucoup, ces #buzzwords, ne signifient rien !
Les 5 erreurs du débutant
Bruno Martin commencera par rappeler ces 5 erreurs les plus répandues, qui vont pourtant à l’encontre des principes élémentaires de l’hygiène informatique :
- Utiliser partout son prénom comme mot de passe = Facile à deviner, c’est la porte ouverte aux pirates !
- Ne jamais faire de sauvegarde de ses données = C’est courir le risque de tout perdre, s’exposer aux demandes de rançon…
- Cliquer sur tout ce qui bouge = Là, c’est la porte ouverte aux virus, aux logiciels espions…
- Croire tout ce qu’on voit sur Internet = Manipulation de pensée, poursuite d’intérêts mercantiles…
- Poster toute sa vie en public sur les réseaux sociaux = Espionnage, y compris par les recruteurs, les impôts…
« Osez explorer, poser des questions, utiliser les nouveaux outils, pratiquer… Bref, prenez l’habitude, c’est ainsi que vous gagnerez en expertise, étape par étape », conseille Bruno Martin, alertant sur un point : il est essentiel de continuer à réfléchir avant d’agir car la seule compétence technique ne saurait suffire à nous protéger.
Le maillon faible de la cybersécurité, c’est nous ! »
Ses conseils pour une meilleure hygiène numérique
1. Chaque semaine (idéal), chaque mois (recommandé) ou quand votre logiciel ou système d’exploitation le réclame (prudent), faites les mises à jour pour être certain que vos solutions matérielles et logicielles sont maintenues et donc moins vulnérables. Bien sûr, téléchargez uniquement les programmes officiels sur les sites, eux aussi, officiels, des éditeurs. Se servir ailleurs augmente considérablement le risque d’être plus tard victime de vol de données, d’espionnage, d’actions frauduleuses, d’envoi massif de spams.
2. Sauvegardez régulièrement vos fichiers et vos e-mails ET faites-le dans le respect de la méthode « 3-2-1 », qui doit son nom au nombre et à l’emplacement des sauvegardes à conserver. Ainsi, le « 3 » précise le nombre total des copies qui sont à réaliser. Le « 2 » spécifie que 2 supports sans connexion entre eux doivent apparaître dans cette configuration. Le « 1 », naturellement, sous-entend une solution « hors-site », c’est-à-dire sur un disque dur externe ou sur le Cloud. « Pluralité, redondance, maintenance », résume Bruno Martin.
3. Équipez-vous d’un antivirus et d’un antispam. « C’est un peu comme une assurance ! On pense que ça ne sert à rien jusqu’au jour où on se casse une jambe ou que sa maison brûle », commente Bruno Martin. Et bien sûr, inspectez tout support étranger invité à se connecter à vos appareils : clés USB, disques durs, liens présents dans les mails… « Là encore, la mise à jour est essentielle, tout comme parfois, l’achat de services complémentaires », précise notre expert.
4. Pensez au VPN ! Le Virtual Private Network agit comme un canal sécurisé, un « tuyau » par lequel transitent de façon cryptée et donc discrète, vos données. Même votre fournisseur d’accès internet ignore alors ce que vous faites ! Essentiel pour maintenir la confidentialité en ligne. « Mais ne misez pas trop sur les solutions gratuites, sous-performantes ou pas si imperméables que cela… », conseille Bruno Martin.
5. Sécurisez votre accès wifi dès le départ. Chez vous, en commençant par bien configurer votre box, dès la première connexion. Ailleurs, en refusant systématiquement de vous connecter aux réseaux publics « gratuits », mais en réalité avides de Data à des fins publicitaires.
Bien choisir mon mot de passe
Bruno Martin conseille un mot de passe « combinaison » employant au moins huit caractères parmi lesquels des lettres, nombres et symboles complexes. Petite astuce complémentaire : substituer des lettres par le chiffre qui leur ressemble : le 3 pour un E ou encore le 4 pour un A. Évidemment, ne pas enregistrer ses mots de passe dans le navigateur, ne pas les écrire sur un post-It. Envisager, sinon, les coffres-forts numériques ou, pour exercer votre mémoire, les méthodes phonétiques, par ailleurs très amusantes !
Exemple : Avec une phrase de votre choix comme « J’ai acheté 5 CD pour cent euros cet aprèm », faites Ght5CDS%E7AM.
Ou encore : « Allons enfants de la patrie, le jour de gloire est arrivé ! » qui donnera AE2LP,IJ2GéA !
Effrayant : Combien de temps un hacker mettrait-il pour deviner votre mot de passe ? Faites le test sur nothing2hide.org
Et comme, surtout depuis la crise Covid, l’époque est au croisement des vie PRO et PERSO, avec mutualisation absolue des outils, prenez enfin toutes les précautions utiles sur les sujets en lien avec vos informations personnelles, sensibles et bancaires : on se déconnecte manuellement de tous les sites après usage ; on supprime les cookies ; on efface ses historiques de navigation (et on désactive le Bluetooth qui nous relie à d’autres terminaux…) ; on sépare messagerie professionnelle et personnelle, on n’ouvre pas les pièces-jointes provenant d’inconnus ; on vérifie systématiquement que les URL des sites qu’on consulte débutent par HTTPS (le « s » signifie « sécurisé ») et que les versions marchandes de ces plateformes affichent un petit cadenas en amont de la barre d’adresse. On active aussi, autant que possible, la double authentification. Et par-delà tous ces bons gestes, on reste PRU-DENT ! Si un contenu contient des fautes d’orthographe, un graphisme d’apparence trop amateur, un style trop insistant ou alléchant, des questions trop indiscrètes, une invitation à préciser des opinions et orientations tant sexuelles que religieuses ou politiques… On s’abstient ! En cela, NE RIEN FAIRE (plutôt que MAL FAIRE) est aussi un principe élémentaire de l’hygiène informatique et numérique.
Hygiène numérique : votre nouveau champs de bataille
À bien distinguer de l’hygiène informatique, l’hygiène numérique s’aborde sous le prisme du bien-être et permet de se préserver des effets néfastes de l’ultra-connexion, des contenus intrusifs ou indésirables. Voici quelques conseils de Bruno Martin :
- Comportez-vous sur Internet comme dans la vraie vie : ne pas s’exhiber, insulter, sur-solliciter, manquer de respect…
- Connaissez le fonctionnement de votre cerveau : les réseaux sociaux agissent en parfaite connaissance de nos mécaniques cérébrales : la dopamine et l’adrénaline libérées par un « like » affectent ainsi notre jugement et sont très addictifs… Prenez la distance nécessaire, limitez votre exposition, le nombre d’applications sur vos terminaux.
- Réduisez les stimuli, qui deviennent vite intrusifs : interdisez ou bridez les notifications, activez le mode « ne pas déranger », rangez votre Smartphone dans un tiroir la nuit ou pendant les repas… Pensez aussi aux bloqueurs de publicités et refusez les cookies tiers, qui vous en enverront par centaines !
- Concentrez-vous sur une seule tâche (non au multi-tasking !) : nous, humains, vivons mal toutes ces interruptions. Et notre cerveau, sur-sollicité, finit vite par s’épuiser, d’où un sentiment de charge mentale trop importante, d’épuisement professionnel…(Appliquez par exemple la méthode POMODORO, qui consiste à réaliser pendant 25 minutes une seule et même tâche, sans se laisser distraire par autre chose. Puis prenez 5 minutes de pause, et ainsi de suite… Votre productivité n’en sera que plus grande, tout comme votre sentiment d’apaisement.)
- Gérez vos mails différemment : Objectif INBOX ZERO ! On se désinscrit des NEWSLETTERS inutiles, on catégorise comme SPAMS les plus intrusifs, on supprime les publicités sans les lire… On ne répond à un mail que si c’est vraiment nécessaire et en phase avec ses objectifs du jour… Comme notre boite mail n’est autre que la TO DO LIST des autres, on réfléchit autrement. Posez-vous la question : « Et si j’attendais 24h avant de traiter ce mail ?». Vous verrez qu’il y a beaucoup de chances que cela vous dispense, finalement, de répondre ! (Les mails représentent une pollution importante dans nos quotidiens. Une autre solution pour enrayer le phénomène des tsunamis courriels : revenir aux classiques appels, sms, déjeuners…)
- Engagez-vous dans une démarche plus saine : Digital Detox, Droit à la déconnexion et Droit à l’oubli seront vos amis.
En gros, assurez-vous d’une virginité numérique (droit à l’oubli) en faisant supprimer par Google les URL indésirables où vous apparaissez, faites valoir votre droit à la déconnexion dans le monde de l’entreprise et pour la partie détox, retenez cette chose simple : un lit, c’est fait pour dormir, pas pour regarder la télévision ou son smartphone. De la même manière, quand on mange, on ne téléphone pas. Quand on va aux toilettes, c’est sans son smartphone…