De la formation gestionnaire de paie à la création d’entreprise ? Découvrez le parcours de Pierre Dautet, diplômé de la promotion APERS 1998 : un témoignage d’expert !
Comment est né votre projet de reconversion professionnelle ?
Après ma licence de droit, j’avais décidé de vivre à fond ma passion pour le bateau. J’ai donc dispensé des cours de voile pendant 4 ans. En 1995, de retour à Paris et sans emploi, j’aspirais à une stabilisation professionnelle – ou tout au moins à compenser l’éloignement de l’océan par l’exercice d’un métier intéressant.
Comment avez-vous choisi votre « nouveau métier » ?
J’ai dû entendre parler de l’IFOCOP via l’ANPE (aujourd’hui Pôle Emploi). Je venais de réaliser un bilan de compétences qui m’orientait vers la poursuite de mon parcours dans le domaine juridique. Cependant, pour moi les études de droit avait surtout été un moyen de comprendre la société. Je voulais faire des études de sociologie au départ !
En fait, je ne parvenais pas à concilier mes réflexions juridiques et un parcours d’apprentissage qui aurait dû être beaucoup plus laborieux et terre à terre.
Par ailleurs, j’aime beaucoup les choses concrètes comme concevoir des déroulements d’opérations telles que celles qui permettent la manœuvre d’un bateau ou celles d’un traitement de tâches successives (par exemple au moyen de l’informatique). J’aspirais à exercer un métier opérationnel, même si la complexité ne me rebutait pas.
Pourquoi avez-vous choisi l’IFOCOP pour vous accompagner dans votre projet de reconversion ?
C’était une recommandation de mon conseiller ANPE . Je recherchais une formation professionnalisante afin d’accéder à un emploi qualifié. J’ai assez naturellement opté pour la formation Attaché de Personnel et Relations Sociales (APERS 1998)[1] dont le contenu était en lien avec mes études de droit et mon goût pour l’informatique.
Comment vous êtes-vous senti intégré au sein de l’IFOCOP et dans votre groupe de formation ?
J’ai un excellent souvenir de cette période de formation. Nous étions environ une vingtaine d’apprenants dans ma promotion et l’ambiance était très agréable. C’était un véritable changement d’univers parce que j’avais seulement connu l’environnement universitaire dans le cadre de ma formation initiale. A l’IFOCOP, j’ai rencontré des gens d’horizons divers, de tous âges, avec des expériences professionnelles riches : un ancien responsable administratif et financier, une responsable paie, une ex-hôtesse de l’air, des assistantes, un manager de cueilleurs de bananes en Martinique !…
C’était un avant-goût d’une vie professionnelle construite et conviviale : je prenais un vrai départ après les emplois précaires de commercial, de manœuvre ou d’agent administratif que j’avais exercés à mon retour en Île de France.
Que retenez-vous de votre période d’application pratique en entreprise ?
J’ai effectué mon stage au sein de la société Prosodie, un opérateur spécialisé dans les technologies de l’information. Cela m’a permis de comprendre comment fonctionnait un service RH. J’étais en particulier en charge des missions qui relèvent de l’administration du personnel : le recrutement et le traitement des données relatives au salaire. L’équipe a vraiment été formidable en adaptant les tâches à ce que je savais faire alors. Grâce à cela j’ai pu commencer à travailler dans une fonction qui m’était vraiment étrangère au départ.
Avez-vous trouvé rapidement un emploi à l’issue de la formation IFOCOP ?
A l’époque, le marché de l’emploi était plus porteur sur la paie et moins sur les RH.
Après l’obtention de mon diplôme, j’ai trouvé très rapidement des emplois comme gestionnaire de paie. Ces emplois ne consistaient pas uniquement dans la paie mais ma compétence dans ce domaine faisait la différence.
Comment avez-vous été recruté ?
Je répondais à des annonces ou j’effectuais des missions en intérim. J’ai ainsi travaillé chez ADP-GSI ou à FNAC S.A. J’ai eu également l’opportunité de travailler dans une clinique où j’assurais seul la gestion de la paie pour un effectif d’environ 150 personnes. Le traitement des éléments variables tels que les plannings, les vacations de nuit et de week-end dans un contexte de turnover important était un véritable défi en terme d’organisation et de précision. J’ai également géré les problématiques RH liées à la mise en place d’un plan de licenciement : maintenir un bon dialogue social, veiller au respect des procédures,…
Quel a été ensuite votre parcours professionnel ?
Après ces missions courtes (de 3 mois à 1 an), en 2002, j’ai intégré les Editions Gallimard en tant que gestionnaire RH puis coordinateur paie d’une équipe de trois personnes. Il y avait beaucoup d’outils à mettre en place afin d’optimiser le pilotage budgétaire et administratif. Mon goût pour la gestion de projet et l’informatique aidant, j’ai aussi pris en charge la mise en place d’un logiciel de paie.
Après 15 ans d’activité salariée, j’ai souhaité lancer mon activité de consultant indépendant. Mon objectif était de proposer des services informatiques spécialisés en paie, dont la gestion est souvent la partie émergée de l’iceberg des besoins de l’entreprise, puis d’accompagner sur des besoins organisationnels ou de formation des gestionnaires.
Dans un premier temps, j’ai complété ma formation par l’accomplissement d’un cycle d’Intégrateur de Systèmes. Puis j’ai travaillé pour la société Project-SI sur des démarrages de paie et sur la réalisation de DADS pour leurs clients.
Aujourd’hui, je suis consultant fonctionnel en informatique de gestion. A ce titre, je réalise le paramétrage des logiciels de paie et je forme les utilisateurs.
Mais mon goût pour la gestion et l’organisation du déroulement des actions dans le respect des bonnes pratiques est resté intact. Aussi suis-je attentif à permettre aux acteurs de s’approprier des processus qui sont en fait une partie majeure de leur métier. Cela passe souvent par la réalisation de procédures ou par des discussions sur des points de réglementaire de paie. Cela peut aussi consister dans des compléments de formations sur le logiciel Excel.
Mon métier est à la jonction de plusieurs compétences. Je suis heureux de bâtir des passerelles au-dessus des vides interstitiels pour que l’on n’y voie plus des précipices !
Je réalise également des prestations de conseil en organisation RH et SI (maîtrise d’ouvrage, cahier des charges). Mes clients sont des entreprises de taille intermédiaire (50 à 2000 salariés) tous secteurs d’activités confondus : transports, sécurité, luxe, industrie,…
Quel est votre sentiment aujourd’hui quand vous regardez le chemin que vous avez parcouru depuis votre entrée à l’IFOCOP ?
Tout au long de mon parcours professionnel, j’ai collaboré avec des responsables dotés de fortes personnalités, dynamiques et parfois impatientes. Superviser la paie était une source de stress importante pour ces managers car la fonction est complexe. J’étais donc un véritable facilitateur. C’est une bonne école pour développer ses compétences techniques et organisationnelles. Je ne m’estime pas particulièrement rapide dans l’assimilation de nouvelles connaissances mais je suis curieux, pragmatique et déterminé.
Mon parcours professionnel m’a également appris qu’il y a un temps pour apprendre et un temps pour entreprendre. En débutant, je n’aurais jamais imaginé que je créerais un jour ma propre entreprise !
Quels conseils donneriez-vous à un apprenant ifocopien en formation gestionnaire de paie durant sa période de mission pratique ?
Un recruteur attend de la réactivité. En tant qu’apprenant, vous devez être capable d’exécuter des tâches rapidement pour soulager votre responsable et délivrer un reporting de vos actions. Considérer votre mission comme un véritable emploi est la clé de votre intégration. Peu importe si les tâches ne sont pas très élaborées, soyez professionnel !
Selon vous, quelles sont les principales évolutions des métiers liés à la gestion de la paie et aux RH ?
Avec la part grandissante de l’informatique, deux grandes tendances caractérisent aujourd’hui les métiers de la paie. Il existe tout d’abord une demande croissante de profils à la fois qualifiés et polyvalents capables de maîtriser les aspects techniques de la paie et de la gestion du personnel. A l’opposé, on observe une « taylorisation » des tâches avec l’externalisation de l’activité paie (en France ou à l’étranger). On peut dire simplement que ce phénomène concerne aujourd’hui surtout les grandes entreprises. L’informatisation de la paie et son externalisation ont fait disparaître les postes d’assistant paie qui avaient par exemple pour mission la saisie les éléments variables. On ne peut plus espérer être recruté sur la base d’un tel profil car même lorsque le poste est très intégré, on attend des compétences fortes en gestion (contrôle des charges et des calculs de paie).
Toutes les entreprises (ou leurs prestataires) sont désormais équipées de logiciels de paie. Le gestionnaire de paie qui comprend et maîtrise les paramètres de gestion et de personnalisation de ces logiciels a un atout supplémentaire. Cela représente beaucoup d’investissement en temps mais c’est le prix de l’expertise métier.
Dans les autres fonctions RH, la spécialisation est aussi la règle. En outre, il y a des fonctions ou l’on recrutera exclusivement des personnes qui ont des qualités managériales. Si ce n’est pas votre cas au départ, commencez par bien manager votre poste. L’assurance que l’on prend en acquérant de l’expertise métier n’est-elle pas la clé de la confiance des autres ?
Il faut aussi considérer la taille de l’entreprise. On trouvera un gestionnaire de paie à temps complet dans des entreprises comptant au moins une centaine de salariés. Mais même si le poste est axé sur la paie, dans une entreprise de moins de 500 salariés il sera très varié et très ouvert sur les autres métiers du service des ressources humaines. Et les relations avec les salariés seront fréquentes. De même en cabinet d’Expert-comptable, il faudra avoir l’esprit alerte et savoir dispenser du conseil aux clients.
Dans les grandes entreprises les postes peuvent être plus spécialisés. C’est peut-être un peu rassurant pour quelqu’un qui débute, et ce peut être bien-sûr un très beau poste de responsable paie à l’arrivée.
Ce qui compte c’est de maîtriser son métier. Sur ce dernier point, un objectif à 5 ans me semble être une belle ambition.
Que vous a apporté l’IFOCOP dans votre parcours de reconversion ?
Le monde professionnel, ce n’était pas « mon truc ». Ma formation à l’IFOCOP m’a mis le pied à l’étrier et, depuis, je n’ai jamais cessé d’apprendre, me former et même d’entreprendre.
Quelles sont vos satisfactions professionnelles aujourd’hui ?
J’exerce une activité qui me passionne et je suis mon propre employeur, voilà qui est particulièrement gratifiant ! Je consacre la moitié de mon temps à assurer ou organiser la gestion de la paie et de l’administration du personnel et l’autre moitié au conseil et à la mise en œuvre fonctionnelle.
Gérer ces différentes missions implique beaucoup de rigueur et d’organisation mais j’ai acquis la « structure » personnelle nécessaire grâce à mes expériences passées.
J’aime découvrir les différents domaines d’activités et répondre à de nouvelles problématiques.
Quels sont vos projets professionnels ?
Je souhaite bien entendu poursuivre mon activité et apporter des services performants.
Etre indépendant, c’est aussi trouver des clients. Cela suppose d’avoir quelque chose à vendre : on ne se vend pas soi-même, on ne vend pas un savoir-faire ; on vend un service. Il y a tout un travail pour parvenir à formaliser un savoir-faire sous la forme d’un service commercialisable.
De plus, il faut innover pour être là où les autres prestataires ne sont pas encore.
J’espère que nous aurons l’occasion de nous rencontrer et de partager l’idée que la gestion s’améliore par l’adoption d’outils efficaces et en innovant dans les pratiques et les méthodes grâce à la formation.
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