Jérôme, un mot sur vous pour commencer.
J’ai 40 ans aujourd’hui. J’occupe le poste de Gestionnaire de paie depuis maintenant trois ans pour le compte d’un grand cabinet spécialisé dans ce domaine. Cerfrance, pour ne pas le citer. Si j’estime aujourd’hui être en maitrise complète de mon poste et avoir trouvé ma voie, cela n’a pas toujours été le cas. Mon certificat d’études Ifocop (niveau BAC+ 2) est en effet le premier diplôme que je décroche dans la vie, puisque j’ai arrêté l’école très tôt, ce qui m’avait conduit à enchainer les petits boulots avant de décrocher un emploi dans la grande distribution en tant que Responsable de Drive. Ce n’était clairement pas le job de mes rêves, d’où cette idée de reconversion…
Reconversion qui a donc forcément commencé par l’obtention d’une équivalence.
Exactement. Mais j’avais conscience, dès le départ, qu’on ne pouvait pas prétendre, en 8 mois, à un diplôme de niveau Master sans afficher certaines garanties comme le Baccalauréat ou la reconnaissance d’une équivalence. Cela a donc représenté une première étape. La seconde étant la réussite de la formation et la recherche d’une entreprise de stage. Cette partie-là n’a d’ailleurs pas été la plus simple (Jérôme a été jusqu’à mobiliser la presse télé, radio et écrite pour partager son annonce dans une période Covid alors compliquée, NDLR.) mais cela s’est finalement bien terminé.
Vous êtes Gestionnaire de paie maintenant : combien de temps avez-vous mis pour trouver un emploi ?
J’ai été recruté par mon entreprise de stage, Cerfrance Gascogne Occitanie, à l’issue de mon stage donc… zéro jour, zéro heure, zéro minute, zéro seconde (sourire). Entre temps, j’ai dû déménager en région Bretagne. J’ai donc partagé mon nouveau projet professionnel sur LinkedIn, ce qui m’a valu d’être contacté par de très nombreux employeurs, au-delà de ceux qui me sollicitaient pour des rendez-vous après que j’ai moi-même postulé à leur annonce. Mais c’est finalement l’antenne bretonne du groupe Cerfrance à qui j’ai choisi d’accorder ma confiance. Pour tout vous dire, j’ai été recruté aussi pour mon sens de l’humour.
Ce n’est pas un métier qui convient à tout le monde »
Ha bon ?
J’ai été recruté pour mes qualités professionnelles, entendons-nous bien. Mais c’est en usant d’une pointe d’humour que j’ai attiré l’attention du service RH de l’entreprise. J’avais en effet posté sur LinkedIn une publication dans laquelle j’appelais mon réseau à partager ses informations concernant d’éventuels recrutements dans mon domaine, en région Bretagne. Post que j’ai ensuite complété en identifiant Cerfrance d’un « Sinon, @Cerfrance, je suis disponible. En plus, soyez rassuré, moi aussi je dis pain au chocolat, pas chocolatine ! ». Le lendemain, on m’avait répondu.
Le métier de Gestionnaire de paie, ça recrute ?
C’est clairement un métier en tension, donc trouver un emploi en tant que Gestionnaire de paie ne me semble pas hors de portée. Comme je le disais, il y a beaucoup de demande. Cela signifie aussi qu’il y a beaucoup de turnover… Car ce n’est pas un métier pour tout le monde. Pour autant, on peut vraiment s’y épanouir, j’en suis la preuve vivante.
C’est un métier extrêmement compatible avec la vie de famille »
Quels en sont les avantages du métier de Gestionnaire de paie ?
C’est un métier extrêmement compatible avec la vie de famille car il s’exerce à horaires fixes, avec une flexibilité possible selon votre employeur. On peut facilement l’exercer en temps partiel, de manière définitive ou temporaire. Par exemple, le temps de s’occuper de ses enfants sur leurs premières années de vie. C’est aussi très compatible avec le télétravail, ce qui permet d’économiser un temps précieux gagné sur les trajets. C’est enfin un métier dans lequel on apprend toujours, ce qui pour moi, est très important, pour éviter la lassitude professionnelle… En trois ans, j’ai d’ailleurs déjà évolué en devenant coordinateur URSSAF, c’est-à-dire que j’accompagne mes collaborateurs sur les sujets en rapport avec la caisse URSSAF.
J’ai particulièrement apprécié la méthode ifocop. On est sur des formations en petit groupe, c’est humain, on n’est pas noyé dans la masse »
Pour exercer ce métier, ou simplement pour suivre la formation, faut-il des prédispositions ?
Il ne faut pas de prédispositions particulières. La preuve, je n’avais pas de diplôme ou de certification professionnelle auparavant. Cela demande « simplement », si je peux parler ainsi, de s’investir et d’être en mesure d’assimiler beaucoup d’informations dans un temps restreint. A ce sujet, je dois dire que j’ai particulièrement apprécié la méthode ifocop. On est sur des formations en petit groupe, c’est humain, on n’est pas noyé dans la masse… Et on travaille presque exclusivement sur des études de cas, des exercices pratiques. Ce n’est pas des kilos de théorie à avaler sans comprendre. Moi qui avais quitté le milieu scolaire depuis des années, j’avais forcément des appréhensions avant de démarrer. Elles se sont vite envolées.
Huit mois pour apprendre le métier de Gestionnaire de paie, c’est suffisant ?
Ce n’est que mon avis, mais pour moi, à l’issue des quatre mois de formation, on est déjà prêt. La période de stage ne permet que de vérifier les acquis et de se frotter à des cas plus pointus. Bien sûr, la qualité de la période d’immersion compte aussi. Mais quand ils voient qu’on est bien formé, les employeurs nous confient très vite notre premier portefeuille. J’ai eu le mien au bout de trois semaines ! Une vraie fierté. Moi qui accueille aujourd’hui, dans le cadre de mes missions, des stagiaires en provenance d’autres organismes qu’ifocop, je peux dire que je n’en ai jamais retrouvé d’aussi bien formés.
Votre définition du métier ?
30% de technique, 70% de relationnel. La pédagogie occupe effectivement une place très importante dans notre quotidien. On rassure les salariés comme les employeurs, on explique, on négocie, on accompagne au changement, on gère des cas complexes… Il y a mille façons d’exercer le métier de Gestionnaire de paie, moi j’ai choisi d’y mettre un maximum d’humain, en phase avec ma personnalité.
Une des qualités d’un bon Gestionnaire de paie est aussi de savoir expliquer son métier »
Quels sont les clichés sur votre métier ?
(sourire). Le premier ? « Clic, clic, envoyer ». Comme si notre métier se résumait à rentrer deux données dans un logiciel qui ferait ensuite tout le boulot sans qu’on n’intervienne, puis qu’il ne nous reste plus qu’à envoyer un e-mail… Bien évidemment, c’est autre chose. Certains s’imaginent aussi qu’en dehors de la quinzaine de jours que nécessite la préparation des paies, on se la coule douce. Eh bien… non ! C’est à ce moment-là qu’on s’occupe des contrôles URSSAF, des arrêts maladies, des adhésions diverses aux systèmes de protection sociale, etc. Une des qualités d’un bon Gestionnaire de paie est aussi de savoir expliquer son métier… et de ne pas être trop susceptible !
Un adjectif pour vous décrire ?
Il me semble assez juste d’utiliser le terme « facilitateur ». Car si on comprend, même superficiellement, pas mal de métiers qui gravitent autour de nous, l’inverse n’est pas forcément vrai. Ce rôle central qu’on occupe nous permet pour autant de désamorcer de nombreux problèmes avec les organismes comme entre un salarié et son employeur, ou encore de simplifier les bilans pour nos amis comptables.
Qualités essentielles pour exercer le métier de Gestionnaire de paie ?
Rigueur, pédagogie, gestion du stress et, c’est essentiel, de belles valeurs humaines.