Gilles, votre reconversion professionnelle est aussi soudaine que récente. Expliquez-nous les raisons de ce changement de vie radical ?
Effectivement, je suis aujourd’hui Négociateur immobilier alors que l’an dernier, j’étais encore Responsable d’agence pour une entreprise d’imprimerie-reprographie basée à Paris. Cela peut paraître soudain, mais finalement, c’est souvent le cas dans les histoires de reconversion, non ? Et puis, les formules ifocop ne portent pas leur nom pour rien ! (Gilles a suivi la formation accélérée en 8 mois baptisée « formule intensive », NBLR.). Le terme « changement de vie » me semble particulièrement approprié, effectivement, car non seulement ces deux emplois n’ont pas grand-chose à voir l’un avec l’autre, mais les conséquences sur mon quotidien sont radicales. Alors que je consacrais plus de deux heures par jour, parfois plus, aux transports en commun pour aller tenir mon magasin en plein centre de Paris, je travaille aujourd’hui à deux pas de chez moi, dans les Yvelines, sur le secteur de Mantes-la-Jolie. C’est plus qu’appréciable car quand on accepte un emploi, forcément, cela n’est pas sans conséquences sur la qualité de vie… Sur ce point, déjà, je pars gagnant. Ensuite, sur le métier en lui-même, je ne regrette pas mon choix non plus. D’une part, parce que l’immobilier m’a toujours intéressé. De l’autre, parce que les qualités dont il faut disposer pour exercer cette profession sérieusement font partie de moi : j’aime le contact humain, écouter les gens, travailler avec méthode et rigueur, découvrir de nouveaux endroits…
Les qualités, c’est bien, mais encore faut-il les connaissances.
Et je rajouterai même : la motivation ! Vous savez, quand on se fait remercier par son employeur comme je l’ai été après trente ans de bons et loyaux services, on est attentif à ne pas s’engouffrer dans une voie de garage. On veut s’assurer que la nouvelle direction choisie réponde à ses aspirations sincères. Et si par bonheur, on met le doigt sur ce qui nous correspond, on ne gâche pas notre chance. À titre amical, j’avais la chance de connaître Martial Fée, un ancien de chez ifocop, depuis de nombreuses années. Lui aussi s’est reconverti « sur le tard » dans un domaine dont il ignorait tout. Et cela ne l’a pas empêché de réussir, bien au contraire. Lire son témoignage. Je lui ai donc demandé quelques conseils, de me dire en toute sincérité s’il pensait que j’avais le profil, « que le reste importait peu » car j’avais de toute façon prévu de me former. Il m’a dit : « Lance-toi ». Ce que j’ai fait, en prenant soin, bien sûr, de contacter les équipes pédagogiques d’ifocop, en l’occurrence M. Éric Chartier, à qui j’adresse un salut très amical.
Comment ça se passe à ce moment-là ?
De façon assez fluide, je dirais. J’avais déjà vérifié, avec ma conseillère Pôle Emploi, la disponibilité des crédits CPF utiles au financement de ma formation. La conversation s’est donc rapidement orientée sur les raisons qui me conduisaient à envisager le métier de Négociateur immobilier comme une véritable option professionnelle, puis sur la réalité de la formation, tant sur les points théoriques qu’organisationnels.
C’est là que vous avez appris qu’une VAP était requise !
C’est là qu’on m’a effectivement expliqué que je devais, pour commencer, décrocher une Validation des acquis professionnels (« VAP ») car mon unique diplôme de l’époque, un CAP-BEP en ventes, ne permettait pas de m’intégrer dans la promotion qui s’ouvrait. Mais cela n’a pas représenté de souci particulier car bien que j’aie quitté l’école à 17 ans, en démarrant une alternance à 15 ans et en bossant ensuite plus de trente ans, j’en ai accumulé des acquis, et j’en ai développé des compétences, croyez-moi. Une fois le dossier de « VAP » constitué et validé, la formation démarrait…
Avez-vous trouvé la formation à la hauteur ?
Je pense que si elle n’avait pas été à la hauteur, je ne serais pas aujourd’hui en train de vous répondre ou de vous annoncer que j’ai sous le coude une dizaine de mandats, dont quelques exclusivités. Donc oui, cette formation est non seulement à la hauteur, mais aussi très efficace. On fait du droit, de la fiscalité, de la vente, du commerce, du marketing, il y a des mises en situation, des exercices de groupe, on est encadré par des experts du secteur… C’est complet. Et intense, d’autant que le soir, après les cours, il ne faut pas espérer se poser sur son canapé pour regarder la télévision. Non, si on veut vraiment être bon sur le terrain quand viendra le jour J, on relit ses notes, on révise pour ses évaluations, on s’exerce sur les cas pratiques… Le but n’est même pas, selon moi, de réussir les évals qui ont lieu tout au long du parcours. C’est plus important que ça : ça consiste à s’armer pour notre futur métier.
Le but n’est même pas, selon moi, de réussir les évals qui ont lieu tout au long du parcours. C’est plus important que ça : ça consiste à s’armer pour notre futur métier »
Avant cela, deux dernières étapes : l’immersion en entreprise dans le cadre du stage et le remise d’un mémoire.
Tout à fait, sachant que là, déjà, on touche vraiment au caractère concret de notre métier. Dans le mémoire, par exemple, on doit démontrer qu’on est en maîtrise sur des sujets inspirés de notre futur emploi : constitution des dossiers pour l’étude notariale, compte-rendu, estimation, techniques marketing… En bref, ce qu’on aura eu l’occasion d’expérimenter en entreprise. Je disais tout à l’heure que j’avais choisi l’immobilier aussi parce que j’aime le terrain. Mais il y a un vrai équilibre car on doit quand même passer une partie de son temps à l’agence. Mon conseil aux futurs apprenants : demandez à explorer toutes les facettes du métier car le stage passe très vite ; accompagnez les agents en visite, participez au rendez-vous qui ont lieu aux différentes étapes, ne dormez jamais sur un doute, n’affirmez rien sans en être certain.
Tout est bien qui finit bien puisque Martial vous a confirmé en tant qu’agent commercial à l’issue de votre stage. Quelles conclusions tirez-vous de cette reconversion ?
Que rien n’est acquis, y compris à 50 ans. Et surtout pas en immobilier. Sur le marché de l’emploi, je suis un senior. En immobilier, je suis un junior qui a encore beaucoup à apprendre et à prouver. Actuellement, je travaille d’arrache-pied pour décrocher de nouveaux mandats et commencer à vivre de mon nouveau métier. Je me suis laissé un peu de temps pour y arriver, on verra où ça me mène… Mais d’une certaine façon, je suis « mordu », ce qui est un excellent facteur de réussite. Cette formation a agi sur moi comme un booster de confiance. C’est en train de transformer ma vie.
Le jour où il a paniqué
Licencié après dix années dans sa dernière boite, Gilles avait pourtant choisi de se laisser un peu de temps pour « souffler » et faire le point sur la suite de sa carrière professionnelle…
… mais voilà que dix jours à peine après sa rupture professionnelle, il se retrouvera à accepter un poste équivalent, en CDI, toujours aussi loin de son domicile et de ses envies. « J’ai accusé le coup, pensé aux crédits à rembourser… Alors, j’ai foncé tête baissée en sachant d’emblée que je faisais une erreur », raconte-t-il. « Heureusement, les conseils bienveillants de mon entourage m’ont permis de réfléchir. J’ai mis aussitôt fin à la période d’essai et j’ai alors commencé à me poser les bonnes questions, celles qui m’auront amené jusqu’à ifocop… ».
La question de l’âge n’a pas vraiment été un problème pour Gilles, rassuré par le fait que la moitié de sa promotion soit composée de quinquagénaires dynamiques plutôt séduits par la possibilité de travailler en tant qu’indépendants plutôt que par la perceptive d’un « oui » accordé gracieusement par un employeur. « Tous ces gens sont la preuve qu’on peut, quand on est considéré senior sur le marché de l’emploi, prendre son avenir en main et écrire une suite encore plus belle ».