C’est au début des années 1990 que le terme « métavers » apparaît. Son auteur, un écrivain de science-fiction américain, veut décrire par ce mot valise (composé du préfixe « meta » et du terme anglais « universe ») un monde parallèle dans lequel nous évoluons sous la forme d’un avatar. Autrement dit, « le métavers est un monde virtuel, insiste Jean-Christophe Maumelat, formateur spécialisé notamment dans la digitalisation de la formation. Ce n’est donc pas obligatoirement la réalité virtuelle, c’est-à-dire qu’il ne faut pas forcément un casque de réalité virtuelle pour aller dans le métavers. Une connexion web et un PC suffisent ! »
Un campus virtuel à disposition des alternants ifocop
Appliqué à la formation, le métavers devient un campus virtuel. « C’est comme un campus physique, détaille le fondateur des Entrepreneurs de la Formation. Vous arrivez dans un hall d’accueil et puis il y a des salles, des espaces de coworking, un auditorium, etc. À la différence des classes virtuelles qui ont beaucoup été développées pendant le Covid, vous n’êtes pas enfermé. Vous êtes dans un campus où il y a plusieurs lieux et où vous pouvez vous déplacer librement. »
Concrètement, au printemps 2023, quatre promotions d’alternants ifocop vont profiter de ce nouveau dispositif, des apprenants Assistant(e) Ressources humaines et Gestionnaire de paie des centres de Paris 11 et de Villeneuve-d’Ascq. « En amont de la formation, deux événements seront organisés dans le métavers pour réunir des candidats à l’apprentissage, des entreprises et des prescripteurs, explicite Jean-Christophe Maumelat. Ensuite, pendant l’apprentissage, il y aura cinq journées dans le métavers que je suis chargé de concevoir. Je vais les animer et j’intégrerai au fur à mesure les formateurs et les apprentis. Une fois qu’on sera rassuré par les pratiques et la technique, les utilisateurs pourront y accéder quand ils le veulent. »
Cet espace virtuel sera utile à plusieurs niveaux, notamment pour créer du lien, sans considération géographique : « On fera notamment des tables rondes qui réuniront les CFA, les apprentis et les entreprises. Ce seront des évènements communs aux acteurs de Villeneuve-d’Ascq et à ceux de Paris. Et puis, il y aura aussi des usages ponctuels entre apprentis et formateurs. » Autre idée centrale développée autour du métavers : varier les modalités de formation et, ainsi, engager les apprenants. Un enjeu de taille.
Renforcer l’attractivité de l’alternance
C’est une volonté politique que de stimuler la formation par apprentissage. « Il y a quatre ans, nous étions à 300 000 apprentis par an. Nous sommes à 700 000. L’objectif, c’est 1 million, » expliquait en mai 2022, Olivier Dussopt, Ministre du Travail, du Plein emploi et de l’Insertion. « Le nombre d’apprentis ne cesse de croître, donc on pourrait se dire que le dispositif fonctionne très bien, reconnaît le spécialiste. Mais il ne faut pas sous-estimer le taux d’abandon et de rupture qui est extrêmement important. Il avoisinerait les 30 %. » Deux questions essentielles se posent donc : Pourquoi une telle proportion d’abandon ? Et quelles solutions mettre en œuvre pour le réduire ?
Dans ce contexte, l’introduction du métavers prend tout son sens, car il présente deux grands avantages : souplesse organisationnelle et individualisation des parcours. « Le métavers, c’est un espace qui s’adapte aux contraintes : les distances, les transports, mais aussi le temps ! Si vous ne pouvez pas vous libérer toute la journée, vous pouvez vous former sur des créneaux plus courts. » À cette facilité logistique, s’ajoute la possibilité de faire du sur-mesure. « Chacun peut participer aux activités dont il a besoin, s’enthousiasme Jean-Christophe Maumelat. C’est extrêmement important, car le premier facteur de motivation pour un apprenant, c’est le sentiment de participer à une formation utile. »
Dans le cas particulier de l’apprentissage, l’expert distingue deux autres atouts majeurs. « Pour apprendre, il faut prendre des risques. Or, ce n’est pas toujours facile au quotidien, on peut avoir peur du jugement. Mais dans le métavers, l’apprentissage est médiatisé par un avatar, et cette distance peut rendre les erreurs plus faciles à vivre ! » Autre avantage mis en avant par le formateur, la lutte contre les discriminations lors de la recherche de stage. « Sur le métavers, les candidats et les entreprises peuvent se rencontrer via des avatars. Cela limite les phénomènes de discrimination, et plus largement, les biais cognitifs. Comme on ne voit pas notre interlocuteur, on forge notre jugement non pas sur la représentation de la personne, mais sur l’échange. »
La philosophie ifocop
Lauréat du programme Atlas, Ifocop développe le métavers grâce au cofinancement de l’opérateur de compétences Opco Atlas dans le cadre de l’action « Inventer les CFA de demain ». Une reconnaissance de la vision de l’apprentissage développée par ifocop, reposant sur quatre piliers.
Tout d’abord, l’apprentissage est un processus. L’apprenti est donc accompagné avant, pendant et après la formation. L’apprentissage est aussi une alternance. « Il faut qu’on travaille les uns pour les autres, explique Jean-Christophe Maumelat. Plutôt que d’attendre que l’entreprise remplisse sa fonction pédagogique auprès de l’apprenti, ifocop va créer les conditions pour que l’entreprise soit plus accompagnante. » Troisième élément clef, l’engagement de l’apprenant, qu’ifocop favorise en professionnalisant les pratiques pédagogiques et en variant les modalités de formation. Enfin, la responsabilisation des participants. « Plutôt que de tout baser sur le lien hiérarchique traditionnel entre le sachant et l’apprenant, on se dit que l’apprenti peut aussi avoir des choses à apprendre à son maître d’apprentissage.
Résultat, ce sont les apprentis qui vont former leur maître d’apprentissage à la création d’avatar et à la prise en main du métavers. Cela va renverser la relation, responsabiliser l’apprenti, et le valoriser ! » Ainsi, ifocop s’empare du métavers en restant fidèle à ses valeurs, plaçant le collectif et l’humain au cœur de la démarche.