Après 20 ans d’expérience professionnelle en tant que responsable paie puis responsable RH dans le secteur de la restauration rapide et ferroviaire, Margarida Dos Santos, diplômée IFOCOP APERS 1996, a créé son activité de consulting. Entre partage d’expérience et réflexions sur l’avenir des métiers RH, découvrez son témoignage !
Comment avez-vous connu l’IFOCOP ?
C’était en 1995, je revenais de province pour trouver du travail sur Paris mais je cherchais en même temps à acquérir une formation métier. Malgré mon niveau Maîtrise en Sciences Economiques, j’enchaînais depuis 1989 des contrats d’intérim sur des missions polyvalentes d’assistante dont une dans un service RH qui avait déclenché un intérêt particulier pour la fonction. J’ai contacté l’IFOCOP car l’institut proposait une formation d’Attaché du Personnel et des Relations Sociales (APERS ) en contrat de qualification.
Le modèle pédagogique m’a plu. J’étais ravie de trouver une formation dispensée par des intervenants issus de l’entreprise qui exerçaient leur métier en parallèle des cours qu’ils animaient.
Quels sont vos souvenirs en tant qu’apprenant ?
La promotion comptait environ une quinzaine d’étudiants. Nous étions d’âges et d’univers différents et l’ambiance était très conviviale et chaleureuse, y compris avec l’équipe pédagogique. Nous travaillions ensemble, par groupe de 3 à 4 personnes, sur des modules et des devoirs à rendre. Il y a avait une bonne émulation voire une franche camaraderie puisque nous nous rencontrions en dehors des cours et nous avions même organisé un covoiturage. Le rythme de formation était certes soutenu mais cet esprit d’équipe nous permettait d’adoucir le stress de la reprise d’études et de la recherche d’entreprise.
Comment avez-vous trouvé votre entreprise d’accueil ?
Trouver son entreprise d’accueil n’est jamais facile mais il faut penser à jouer toutes vos cartes : activer votre réseau de connaissances, scruter les offres en permanence, envoyer des candidatures spontanées de qualité, échanger avec les autres apprenants… Tous ces leviers m’ont permis d’obtenir plusieurs entretiens et de décrocher un contrat en tant qu’assistante paie dans le secteur de la restauration rapide.
La seule vraie difficulté à l’époque a été d’accepter de travailler à Levallois Perret tandis que j’habitais en Seine et Marne et que je suivais ma formation théorique à Rungis. Ce fut difficile en termes d’organisation et d’énergie mais je ne regrette pas puisque cette expérience a représenté un véritable tremplin professionnel.
Quelles étaient vos missions en tant qu’assistante paie ?
Le parcours d’intégration à l’entreprise prévoyait une immersion complète d’une semaine dans un restaurant afin de connaitre les métiers. Ce fut pertinent et utile pour connaître la réalité du terrain et comprendre l’activité.
J’ai intégré le service paie de la société SERRAC qui gérait les restaurants Quick en concession dans les gares et les aéroports (2 sociétés juridiques, 18 établissements). Nous étions trois collaborateurs dans le service : une responsable et deux assistantes avec un lot de restaurants attribués pour chacune. La charge de travail était importante : avec un turnover de 120 à 150% (contrats étudiants, temps partiels …), il fallait sans cesse relancer les directeurs de restaurants pour disposer des éléments variables en temps et en heure. Nous devions tout vérifier et corriger car les éléments de badgage remontaient souvent des anomalies et nous traitions plusieurs lots de paie dans le mois.
J’ai également réalisé mon mémoire de stage sur un sujet particulièrement intéressant : les leviers de motivation du personnel. A l’époque, il n’y avait pas de plan d’épargne pour la retraite collectif (Perco) ou d’accord d’intéressement. J’ai donc travaillé sur les simulations et les critères d’attribution de ces éléments collectifs de la rémunération.
Que s’est-il passé à la fin de votre contrat de qualification ?
J’ai été embauchée à l’issue de mon contrat. Le besoin en gestion de paie était devenu permanent : l’entreprise comptait environ 800 salariés hors intérimaires volants avec beaucoup de turnover, de CDD, etc. La responsable paie a quitté quelques mois plus tard l’entreprise et l’on m’a proposé de prendre le poste. Il s’agissait d’assurer les mêmes missions avec un rôle de supervision bien sûr, mais également de permanence en cas d’absence d’une personne de l’équipe. L’activité était intense, avec peu de congé compte-tenu des contraintes d’activités, mais cela ne m’a pas posé de problèmes.
J’ai ensuite eu des responsabilités RH (remplacement congé maternité de la DRH) : harmonisation des procédures de recrutement, accompagnement des mutations internes et de la mobilité, dossiers de prud’hommes. J’ai également co-préparé et animé des formations paie avec une formatrice du groupe Accor pour les utilisateurs (directeurs de restaurants et adjoints)…et j’ai adoré !
Ce fut une véritable montée en compétences. Je suis restée trois ans dans l’entreprise, jusqu’en avril 1998, et j’ai acquis en condensé via l’expérience terrain de tout ce qui a permis ensuite d’évoluer.
Quelle a été la suite de votre parcours professionnel ?
Le Directeur des Opérations qui avait quitté l’entreprise m’a fait un appel du pied pour que je rejoigne son équipe. Il travaillait désormais dans la restauration ferroviaire pour la Compagnie des Wagons Lits, un prestataire de la SNCF.
J’y ai été embauchée en tant qu’assistante de direction. A priori, rien à voir avec mes anciennes missions mais il y avait un tel jargon lié à la SNCF et aux métiers du ferroviaire qu’il me fallait assimiler toutes ces nouvelles notions avant d’accéder à des fonctions RH. J’ai également appris à monter des dossiers de restructurations de sites et à coordonner des projets.
La personne en charge des RH a quitté l’entreprise 18 mois plus tard et son poste m’a été proposé. Avec une équipe de 4 personnes (une responsable formation, une responsable administration du personnel, deux gestionnaires du personnel), j’ai pris en main le service RH pour trois gares. Parmi mes nouvelles missions, la mise en place opérationnelle et la communication liée aux 35 heures, la prise en charge du disciplinaire et les échanges avec les partenaires sociaux…Un poste de large envergure !
Suite à une réorganisation interne, j’ai quitté mes fonctions mais suis restée dans l’activité ferroviaire. J’ai intégré en mai 1998 la société Cremonini Restauration et la société Momentum Services, en tant que Responsable RH à temps partiel pour chacune de ces structures. J’étais directement rattachée à la Direction Générale et à ce titre particulièrement exposée dans les relations avec les syndicats. Progressivement, avec l’acquisition de nouveaux marchés, j’ai élargi mes fonctions à 100% pour Cremonini et la nouveauté était justement la gestion des relations sociales avec des permanents syndicaux et des représentants du personnel parfois assez virulents.
Je n’ai jamais été séquestrée mais j’ai du gérer des occupations de voies et des mouvements de grève. Ces expériences ont été formatrices mais usantes physiquement et moralement. Je m’investissais énormément dans mon travail et au final je n’arrivais plus à trouver une juste conciliation avec ma vie privée.
Quel était votre nouveau projet professionnel ?
Je voulais accompagner les personnes autrement. Gagner des appels d’offres était intéressant sur le plan RH car on intégrait de nouvelles équipes. Mais perdre un appel d’offres signifiait transférer du personnel avec tout ce que cela implique. Je ne savais pas comment accompagner les collaborateurs concernés, les coacher.
J’ai décidé de me former mais je ne pouvais pas envisager un cursus long et coûteux. J’ai donc opté pour des modules courts et spécialisés qui correspondaient à mes moyens et mes envies : conduite de bilan de compétences, graphologie, morphopsychologie, etc. Chaque formation a duré entre un an et un an et demi selon un rythme de temps partiel. Cela m’a permis d’assimiler une somme de connaissances assez conséquente, de réaliser de nombreux cas pratiques (indispensable pour prétendre exercer) et préparer mon nouveau projet professionnel.
En 2008, j’ai créé ma micro-entreprise en « couveuse » via la boutique de gestion Athéna. Mon ancien directeur de la SERRAC qui avait rejoint depuis Léon de Bruxelles est alors devenu mon premier client ! Il m’a donné depuis l’opportunité d’effectuer diverses prestations RH : des analyses graphologiques dans le cadre de recrutements externes et de mobilités internes, des enquêtes d’opinion interne, des préparations et animations de sensibilisation des encadrants pour la mise en place des entretiens professionnels, proposition d’un accord GPEC, diagnostics organisationnels des services Rh, relations sociales, juridique …
Pendant un an, j’ai assuré en parallèle des bilans de compétences pour un mandataire du Pôle Emploi. Ce fut très formateur puisque je devais finaliser un bilan approfondi en 7 h d’entretien ! Chaque personne ayant son propre rythme et degré d’avancement, cela nécessitait donc une forte adaptabilité, à raison de huit rendez-vous par jour non-stop.
Puis j’ai poursuivi l’activité de consultante en bilan de compétences pour différents centres de bilans, donc pour accompagner cette fois des salariés et non plus des demandeurs d’emploi.
La période 2011-2013 a été assez difficile suite à la cessation d’activité de deux de mes clients et au rattrapage de charges liés à la troisième année de micro-entreprise mais je ne me suis pas découragée.
En 2014, j’ai conclu un temps partiel avec un centre de bilan de compétences et développé mon activité en consulting pour des missions d’outplacement collectif. C’était un nouveau challenge car j’avais une obligation de résultat. Lorsque vous accompagnez un collaborateur dans ce cadre précis, tout est consigné et consolidé par un chef de projet. A l’issue de votre intervention, le salarié doit disposer d’une solution clairement identifiée : une proposition de formation ou un nouvel emploi.
J’ai pu ainsi collaborer avec des consultants issus d’autres spécialités. Ce fut précieux pour accompagner efficacement les salariés de notre client. Il s’agissait de mettre en confiance, garder une certaine confidentialité, si nécessaire alerter la cellule psychologique. J’ai mis en place des ateliers afin de donner des outils aux différentes catégories de personnels : pour les cadres, des formations pour leur expliquer comment leur écriture était analysée lors d’un recrutement ; pour les employés (sans diplôme ou parfois surdiplômés), du coaching et des simulations d’entretien, la rédaction de CV,…
Comment envisagez-vous l’évolution de votre activité ?
J’ai fait une mauvaise chute au mois de mai 2014 qui m’a immobilisée quelques mois, j’ai donc été remplacée sur cette mission mais je me repositionnerai sur une mission similaire car c’est passionnant.
Je poursuis mes prestations :
- D’analyses graphologiques
- De bilans de compétences (mais dont l’avenir est incertain du fait de la réforme de la formation professionnelle qui ne prévoit plus cette activité telle qu’elle existe et est financée actuellement)
- D’outplacement individuel et/ou collectif
- De bilans d’orientation pour les jeunes
- D’accompagnement sur les techniques de recherche d’emploi : refontes de CV, lettres …
J’axe donc mes prestations sur l’accompagnement à la mobilité/transition professionnelle.
Et à compter de mars 2015, j’ouvre un nouveau volet en me formant à la comparaison de documents et d’écritures, formation que j’effectue auprès d’un laboratoire criminalistique.
Que pensez-vous de l’évolution des métiers RH en général ?
L’externalisation de la fonction paie est croissante. Les responsables de service paie évoluent de plus en plus vers les éditeurs de logiciel car ils connaissent parfaitement les besoins des utilisateurs. C’est une passerelle à ne pas négliger ou vers le contrôle de gestion sociale.
La fonction RH est quant à elle tellement riche qu’elle offre un panel d’opportunités incroyables.
Trois grandes tendances se dégagent : la gestion des relations sociales (gestion des IRP, négociation des accords collectifs …), la gestion des ressources humaines (recrutement, formation, paie, gestion des carrières …) et le management des ressources humaines (mettre en œuvre une politique RSE, conduite des changements dans la dimension humaine, élaborer la stratégie…)
En soi, ce n’est pas le métier qui change mais l’adaptation des leviers d’aide à la performance individuelle et collective, détecter et fidéliser les talents ….
Je reste cependant persuadée qu’il faut des profils différents pour exercer ces postes à responsabilités.
Quels sont aujourd’hui vos motifs de satisfaction ?
Mon passage à l’IFOCOP a été un véritable tremplin professionnel. Le recruteur qui m’avait fait confiance en m’embauchant dans le cadre de mon contrat de qualification est devenu un client et un ami.
J’ai eu un parcours dense et riche d’enseignements. Je me suis beaucoup investie professionnellement et j’ai aussi connu des périodes difficiles car notre fonction implique aussi d’être parfois en désaccord avec la décision de la Direction Générale. Aujourd’hui, je suis en phase avec moi-même et travailler dans l’accompagnement me convient parfaitement.
Valoriser la personne quoi qu’il arrive, favoriser le développement personnel est vital. Les gens sont souvent détruits car l’entreprise les a rongés. Ce n’est ni normal, ni logique et personne n’y gagne au bout du compte.
Pour conclure, vos conseils pour réussir sa formation à l’IFOCOP ?
J’irai droit au but. Intégrer l’IFOCOP, c’est batailler pour revenir à l’emploi. La recherche de stage est donc une véritable démarche de recherche d’emploi. Aujourd’hui, les entreprises l’ont bien intégré puisqu’elles diffusent elles-mêmes des offres de stage. La difficulté est de cerner si ces offres cachent des opportunités d’embauche réelles.
Vous maximiserez vos chances en définissant bien votre mission de stage pratique. Réfléchissez en amont à ce que vous visez à l’issue de votre formation. Ciblez votre fichier de recherche, démarchez en étant bien informé sur l’entreprise, présentez-vous en véritable professionnel et relancez de manière méthodique et courtoise.
Durant votre stage, vous devrez faire en sorte que vos cours théoriques deviennent opérationnels et profitables dans l’entreprise d’accueil ou dans une autre. Soyez curieux et pro-actif, restez humble et impliquez-vous.
A l’issue de votre stage, vous aurez alors déployé tous les outils qui vous permettront d’être 100 % opérationnel, un atout clé pour être immédiatement recruté ou convaincre votre futur employeur.
N’oubliez pas ensuite : se former régulièrement et valider vos compétences est essentiel pour rester dans votre emploi ou évoluer comme vous le souhaiterez !
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