Elle ne l’aura pas eu facile, Houria ! Après presque vingt années de bons et loyaux services au sein d’un grand groupe bancaire – d’abord en tant que conseillère clientèle en agence, ensuite à la direction financière (service restructuration) – qui aurait cru qu’elle quitte sa zone de confort pour réapprendre un métier totalement nouveau, sur la simple conviction que « la banque, ce n’est plus pour elle » ? Même pas elle, visiblement, comme elle a pu nous le confier. « J’étais bien installée dans mon poste, et j’avais à ma charge des missions intéressantes comme par exemple la mise en place d’une cellule spécialisée dans les réquisitions judiciaires et le recouvrement des créances des entreprises et des particuliers », explique-t-elle, précisant qu’elle assure alors en parallèle un mandat de délégué du personnel. Deux missions distinctes mais avec un vrai point commun – une dimension juridique certaine – et une même conséquence, celle de déclencher chez Houria, un véritable déclic. C’est décidé, elle va démissionner.
Le déclic
Enfin, pas tout à fait. Ou du moins pas encore, puisque justifiant auprès de sa direction un besoin de « se renouveler », de développer ses compétences, de « donner plus de sens » à ses missions, elle obtient de sa hiérarchie ce qu’on appelle encore en 2018 un CIF (Congé individuel de formation, devenu depuis le CPF TP pour « Congé personnel de formation transition professionnelle ») qui lui permet de s’absenter 8 mois, le temps de suivre sa formation Ifocop pour préparer le diplôme d’Assistante juridique qui lui semble correspondre à ses aspirations. « En fait, dans le cadre de mes dernières missions au sein de la banque, j’avais pu mettre un pied dans le juridique et j’ai tout simplement adoré ça. Ça m’a doublement fait prendre conscience qu’il n’y avait plus d’avenir en banque et qu’il fallait que je me donne les moyens de faire ce que j’aime. Le risque de m’encroûter et de m’éteindre à petit feu était trop grand », analyse-t-elle.
Objectif n°1 : muscler le CV
Comme son groupe ne lui laisse malheureusement aucune perspective d’évolution dans le domaine juridique, Houria sait déjà qu’elle devra partir. Raison pour laquelle elle veut absolument muscler son CV avec une formation reconnue, mais surtout suffisamment pratique pour être directement opérationnelle sur le marché du travail. Sur la recommandation d’une amie et d’une collaboratrice du service RH, toutes deux d’anciennes apprenantes de l’Ifocop, elle s’inscrit et démarre sa reconversion quelques semaines plus tard, au centre Paris 13. De ses quatre mois de formation, elle retient « un rythme intensif, des enseignements et formateurs de qualité » mais aussi « quelques moments de doute car on étudie le droit et ça ne laisse aucune place à l’improvisation », se souvient-elle. Idéale transition vers la prochaine étape, une période d’immersion professionnelle dans un cabinet d’avocats spécialisé en droit des affaires où elle sera traitée, à peu de choses près, comme une étudiante en droit qui prépare le Barreau. « J’ai travaillé comme jamais, se souvient Houria. Recherches juridiques, rédaction des actes de procédure, constitution des dossiers de plaidoirie… J’avais le nez dans les dossiers du matin au soir et la chance que les deux associés du cabinet s’investissent beaucoup à mes côtés pour me faire progresser ». Son stage s’achève sur une note très positive, elle finira même diplômée avec mention Très Bien.
Objectif n°2 : décrocher le job de ses rêves
Vient le temps de la rupture avec son précédent employeur, puis de la recherche d’emploi. Il ne sera pas très long, quelques semaines à peine, avant un premier CDD au Conseil National des Barreaux, une institution reconnue dans le milieu. Pendant six mois, elle fera ainsi ses armes au service recouvrement en tant qu’Assistante juridique, croisant ses nouveaux savoirs mais aussi les compétences acquises lors de sa carrière dans la banque. S’enchaine un autre contrat, en CDD toujours, à la Commission de contrôle des CARPA. Nouvelles période difficile, Houria ne compte pas ses heures. On la repère.
Happy ending
Et arrive ce qui devait arriver, on lui propose une promotion impossible à refuser : Directrice administrative. C’est-à-dire qu’au-delà d’une pléiade de missions juridiques, elle pilotera l’activité de la commission de contrôle et l’intégralité des 120 CARPA de France. Quel parcours ! Elle signe le CDI et assure désormais de plein droit son nouveau poste le sourire aux lèvres. Quand on l’interroge sur sa nouvelle vie et sur le poids des responsabilités, c’est sans sourciller qu’elle nous répond « sans regret ». Bravo Houria !