La vie professionnelle est faite de rebondissements, de choix et d’opportunités. Mais lorsque le sens que l’on donne à son travail est remis en question, une reconversion peut alors marquer le début d’un renouveau et d’un épanouissement professionnel, comme personnel. A condition de bien la préparer.
Après plusieurs années passées dans un même secteur, une même entreprise ou à un même poste, une certaine lassitude peut se faire ressentir. Et lorsque le sens que l’on donne à sa vie professionnelle n’est plus une évidence, c’est parfois tout un équilibre qui s’écroule. Vient alors le temps de la réflexion, et l’envie de reconversion. Loin d’être considérée comme un échec, celle-ci ne doit toutefois pas à être prise à la légère : pour être réussie, une reconversion professionnelle doit être bien préparée.
« Quand on ne se sent pas bien dans son travail, il y a de grandes chances que l’on ramène ce mal-être et ces inquiétudes à la maison », décrypte Elodie Chevallier, chercheuse et consultante indépendante. Il est alors nécessaire de se poser les bonnes questions. Est-ce que mon activité est en cohérence avec mes valeurs ? Est-ce que l’environnement dans lequel je travaille est stimulant pour moi ?
« Ce qu’il faut identifier avant d’organiser un changement, c’est d’où vient la perte de sens, ajoute Elodie Chevallier. La clé de l’épanouissement professionnel se situe dans la compréhension de ce qui vous épanouit dans votre travail. Il ne suffit pas de se dire que l’herbe est plus verte ailleurs, il faut prendre un temps pour analyser ce qui ne va pas. »
Crise de la quarantaine et confinement ou l’accélération de la prise de décision
Une quête de sens que l’on retrouve notamment lors de la « fameuse » crise de la quarantaine. Une expression pas si galvaudée que cela. « Il y a un phénomène de reconversion autour de la quarantaine, confirme Elodie Chevallier. C’est la crise du mitan de la vie. On réévalue son parcours, des valeurs deviennent plus importantes que d’autres… Certains divorcent, d’autres se réorientent parce qu’ils ont envie de s’épanouir dans leur travail pour les 20 à 25 années de vie professionnelle qui leur reste… »
La période du confinement a notamment été propice à ce type de réflexions. « Dans un projet de reconversion, il y a souvent un événement déclencheur comme un décès, une maladie, une séparation… Car le système de valeurs évolue, explique Elodie Chevallier. Le confinement, c’est un peu la même chose. Les gens se sont rendu compte que la société dans laquelle nous vivons pouvait être mise à mal. Ils ont connu des conditions de travail différentes, ont passé du temps avec leur famille. Certains se sont dits : faire des PowerPoint toute la journée, est-ce bien utile face à ce type de crise ? Notre mode de vie a été perturbé, nos certitudes ont été remises en cause et beaucoup ont cherché du sens à leur travail, sans forcément en trouver. »
Mais par où commencer ? En réalisant tout d’abord une enquête métier pour se renseigner auprès de professionnels, préciser son projet et déterminer une nouvelle activité en adéquation avec ses valeurs et son organisation familiale. Puis en sollicitant un accompagnement pour réaliser un bilan de compétences ou bien un Conseil en évolution professionnelle (CEP). Avant de contacter des organismes de formation et d’utiliser les dispositifs financiers mobilisables pour les salariés (CPF de transition professionnelle, congé de reclassement, CPF co-construit, Plan de développement des compétences, Pro-A).
Atika Chadar, ancienne apprenante IFOCOP : « Il faut oser. On se redécouvre, c’est une renaissance, un nouveau souffle. »
Auparavant assistante commerciale pour une entreprise de literie, Atika Chadar n’a pas attendu le confinement ni la crise de la quarantaine pour se reconvertir. À 30 ans, elle a suivi cette année la formation Assistante Ressources Humaines de l’IFOCOP. Et elle est devenue chargée de mission alternance au Centre de formation des informaticiens et financiers de haut niveau en alternance (CFA AFIA). « J’aime le contact avec les autres, mais dans mon ancien emploi, c’était pour vendre un produit, indique-t-elle. Alors qu’en ressources humaines, ce qui me plaît, c’est de venir en aide aux autres. J’adore ce que je fais. Je corrige des CV, des lettres de motivation, j’apprends aux étudiants la manière d’appréhender un entretien d’embauche, comment gérer leur stress… C’est une vraie révélation, je suis très heureuse de ma reconversion professionnelle. Quand on rentre dans une routine au travail, que l’on ne se sent plus forcément bien et que l’on se rend compte que ce n’est plus vraiment ce que l’on veut faire, il faut oser. On se redécouvre, c’est une renaissance, un nouveau souffle. »
Et, pourquoi pas, par la suite, mettre à profit ses expériences passées dans sa nouvelle activité, comme l’a constaté Elodie Chevallier qui, dans le cadre de sa thèse, a recueilli les témoignages d’une directrice marketing devenue professeure de yoga, d’un directeur de la communication aujourd’hui paysagiste, ou encore d’un ingénieur pharmaceutique devenu caviste. « Ce sont d’énormes changements de vie, insiste-t-elle. Mais rien n’empêche de remodeler son nouveau métier avec des compétences développées précédemment, à l’image de cette professeure de yoga qui a créé des cours particuliers pour cadres stressés. »
Passage obligé – 85 % des emplois de 2030 n’existeraient pas encore aujourd’hui, selon une étude réalisée par Dell et l’Institut pour le Futur – ou véritable prise de conscience, la reconversion du salarié peut marquer le retour à l’épanouissement professionnel et personnel. À condition de s’en donner les moyens.
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