Nathalie, un mot sur votre parcours, pour commencer ?
J’ai 58 ans, j’habite en région parisienne et j’étais encore, il y a quelques semaines à peine, apprenante Ifocop au sein du centre Paris 13. Je m’y étais inscrite après la perte soudaine de mon emploi pour cause de liquidation judiciaire de l’entreprise. J’étais alors assistante de direction, assurant le remplacement du responsable logistique dans l’import-export de produits d’horlogerie, segment moyen de gamme. Passé le choc de l’annonce, j’ai rapidement compris qu’il était important de rebondir. J’étais consciente de mes atouts : une pratique quotidienne de l’anglais, des notions d’Espagnol (que j’entretiens en regardant des séries en VO et que je vais approfondir en suivant une formation en interne) ; afficher 36 ans d’expérience et une vraie culture de l’international ; et puis, un sourire naturel car ce métier, aussi redoutable soit-il, je l’aimais, comme je continue encore de l’aimer. Sauf que voilà… Le marché de l’emploi est ce qu’il est.
… C’est-à-dire, difficile.
Très difficile, incertain, parfois injuste, souvent très rapide, mais pourtant très prometteur et plein de belles opportunités !
Comment avez-vous procédé ?
Je me suis remise en question pour être en mesure d’identifier mes axes de progrès… et d’y remédier rapidement. C’est pour cette raison très précise que le sujet de la formation est revenu sur le tapis. Je dis « revenu » car je disposais déjà d’un BTS traduction commerciale, obtenu en candidat libre via le CNED, l’année de mes 20 ans. J’avais pu bénéficier entre temps de petits modules de formation tout au long de ma carrière. Par ailleurs, dans le laps de temps entre ma perte d’emploi et l’inscription chez ifocop, j’avais aussi entrepris de valider une formation rapide et experte sur les principaux outils de bureautique, consciente qu’on n’exploite jamais le plein potentiel de ces trésors informatiques.
36 ans d’expérience, l’utilisation de l’anglais comme langue de travail à un niveau professionnel et expert plus une remise à jour informatique, est-ce-que ne suffisait pas ?
Cela aurait pu. Cependant, l’expérience m’aura appris qu’il ne faut jamais se reposer sur ses acquis et qu’il est sage d’être le plus attractif possible sur le marché du travail. Les candidats ont le devoir de s’adapter.
Comment avez-vous fini par retenir Ifocop et, ensuite, par identifier la formation d’assistante import-export (AIEX) ?
J’ai raisonné à l’envers. J’ai d’abord regardé les offres d’emploi qui étaient relativement compatibles « à 70% ou plus » avec mon profil pour définir ensuite, sur la base des annonces publiées, ce qui pouvait manquer à mon CV. Ensuite, j’ai cherché le centre de formation le plus adapté. Rapidement, il m’est apparu que le volet « formation officielle et reconnue » était essentiel. Ayant gravi les échelons en interne, sur le terrain donc, il me fallait étoffer mon CV d’un parcours de formation en lien avec mes compétences. J’ai ainsi commencé par admettre qu’il fallait que je me forme, à 57 ans, pour ne pas rallonger la liste des candidats à l’embauche qu’on n’appelle jamais… Ensuite, j’ai cherché à identifier les organismes en capacité de me former vite et bien, au contact des entreprises, à toutes les compétences requises par mes futurs employeurs.
Ifocop est naturellement sorti du lot : la formation est complète, directe, certifiée et reconnue, mais surtout immersive. A l’aide des professionnels en activité qui forment le corps pédagogique et grâce à l’immersion professionnelle de 4 mois qui est proposée dans le cadre de la formule intensive, on est immédiatement replongé dans le bain. C’est ce que je cherchais, cette dimension « à visée métier ».
Pari gagnant, quand on connaît la suite de l’histoire…
Oui, puisqu’au bout d’un peu plus d’un mois en entreprise, dans le cadre de cette immersion donc, on m’indiquait qu’un CDI m’attendait à la fin, si je souhaitais continuer. Je n’ai pas hésité longtemps.
Une question que se posent beaucoup de profils seniors est « Avez-vous pu retrouver vos avantages d’autrefois ? »
C’est bien que vous abordiez la question car je tenais à en parler. Cependant, il faut abandonner une bonne fois pour toutes ces vieux réflexes ! Je les comprends et c’est naturel. Cependant, quand on souhaite s’intégrer dans une nouvelle entreprise, on doit épouser pleinement ses valeurs et son fonctionnement, accepter les avantages comme les inconvénients et cesser de regarder dans le rétroviseur ! Dans mon cas, j’ai abandonné un statut cadre et une part de salaire pour retrouver un emploi stable dans une entreprise au climat social très agréable et où il existe de vraies perspectives d’évolution, y compris salariales. Dans les faits, sur ma carte d’identité et aux yeux de France Travail, je suis « senior », mais, ici, avec mes quelques mois d’ancienneté à ce poste, je suis un « junior expérimenté ». Un peu comme les voitures d’aujourd’hui, je fonctionne en mode hydride. Rires.
A-t-il été aisé de persuader votre recruteur, lors de la phase de recherche d’une période d’application pratique ?
Je ne pense pas que l’âge ait posé question. Dès le départ, l’essentiel était d’assurer de mon caractère très opérationnel. On m’a quand même fait passer trois entretiens, dont un en anglais, avant de me confirmer que j’étais retenue ! Un recruteur n’est pas là pour faire une bonne action, mais pour étoffer ses équipes dans le but de faire performer l’entreprise. L’âge a été évoqué, oui, mais plutôt à travers l’axe de mon expérience : qu’est-ce que je savais faire ? Quels outils j’employais au quotidien ? Étais-je à jour du fonctionnement réel du marché ? Étais-je adaptable à la dimension internationale du poste ?
Et comment envisagiez-vous l’idée d’être managée par plus jeune que vous ?
J’ai répondu que le talent n’attend pas forcément le nombre des années et que je cherchais surtout à rejoindre une équipe motivée et performante plutôt qu’à raisonner selon l’âge de chacun. J’ai vite compris qu’on partageait cet état d’esprit agile dans ma nouvelle entreprise.
La formation ifocop vous a-t-elle servi ? Vous étiez, en quelque sorte, plus que qualifiée pour le job.
Je n’ai clairement pas entrepris tout ce cursus pour simplement rajouter une ligne à mon CV. J’ai vraiment appris énormément. Parfois c’est vrai, j’ai simplement enrichi mes compétences et connaissances, mais, d’autres fois, j’ai découvert tout un autre pan du métier, acquis de nouveaux réflexes. J’ai aussi trouvé très instructives les sessions de coaching pour se rendre attractif sur un CV, apprendre à rédiger une lettre de motivation, à se présenter en entretien professionnel… Les codes changent, le monde change, il faut évoluer avec son temps. Et pour reprendre la formule de votre question, je pense sincèrement qu’on n’est jamais trop formé. Commencer à penser ainsi, c’est plutôt se préparer à la retraite. Et croyez-moi, à 58 ans, active comme je le suis, je n’ai pas du tout envie d’y penser !
Un mot sur votre emploi actuel, avant que je n’échange avec votre DRH.
J’ai été recrutée en tant qu’assistante logistique import sur le site de Rungis. Mon entreprise, la SIIM, est spécialisée dans le commerce de gros de fruits et légumes tropicaux en provenance du monde entier. Je suis en poste depuis la fin de mon stage et je continue d’apprendre tous les jours. Je suis aussi contente de pouvoir dire que l’âge est un faux débat, du moins de ma propre expérience, et que, dès lors qu’on sait faire preuve de motivation et d’un minimum de remise en question, il y a un emploi pour chaque candidat.
3 questions à Sylvie BICAN, DRH chez SIIM
« Age ou avantage ? »
Recruter un senior : sagesse ou folie ?
Sagesse. A titre très personnel, je considère souvent dans l’âge du candidat, les nombreux avantages de l’expérience. A 58 ans, Nathalie a su faire valoir ses atouts qui étaient l’expérience, la maturité, un tempérament calme et une rigueur professionnelle très utile dans le domaine de l’import-export. Par ailleurs, face au caractère volatile de la jeunesse sur le marché actuel de l’emploi, la recherche de stabilité des seniors représente un sacré atout pour un recruteur qui se projette dans le temps.
L’intégration : c’est plus compliqué passé 50 ans ?
C’est plutôt lié au candidat qu’à son âge. Nathalie a su faire preuve de curiosité, d’entrain, de ténacité. Partant de là, l’adaptabilité n’est pas un problème. En plus, avec son diplôme en poche, on a ressenti que cela lui redonnait de la confiance en elle. Nous la savions légitime, il était important qu’elle le ressente aussi.
Votre réponse au « C’était mieux avant ? »
Je comprends la complexité de capitaliser sur son expérience tout en épousant la nouveauté, mais il ne faut pas avancer en regardant dans le rétroviseur. Mon conseil à ce sujet est d’accepter un emploi uniquement s’il vous motive, pas par dépit ou par crainte de rester sans emploi. Il n’y a rien de pire qu’occuper un poste par défaut, ou se sentir frustré par sa nouvelle condition. Et puis, ce qu’on négocie à l’embauche peut parfois être amené à évoluer. Il est essentiel de clarifier cela dès le départ avant de s’engager dans un nouveau poste. Enfin, il faut aussi faire preuve de patience et laisser à l’employeur le temps de vous découvrir et d’apprécier vos qualités.