Priscilla, racontez-nous s’il vous plaît votre parcours et la raison qui vous aura conduite jusqu’à nous.
Mon parcours est en soi assez ordinaire. C’est celui d’une salariée qui se retrouve un jour obligée de pointer à France Travail, pour cause de licenciement économique. Nous sommes alors en 2022, je me retrouve au chômage après 40 années de travail ininterrompu. Je dois bien admettre que ça fait un choc, de prime abord, je n’avais aucune crainte. En effet, j’avais le sentiment d’être arrivée à la fin d’un cycle, et me réjouissais de passer à autre chose. Cependant, une perte d’emploi, c’est toujours une perte de repères, alors c’est normal d’être déstabilisée. L’important, c’est de ne pas s’enfermer là-dedans, de relever la tête et de réfléchir à l’étape d’après. En cela, la cellule de reclassement mise en place par mon employeur me fût d’une grande aide.
Quel aura été votre rebond, à vous ?
Déjà, la prise de conscience que malgré mon âge, 56 ans à l’époque, j’avais encore beaucoup à donner, beaucoup à apprendre et surtout l’envie de poursuivre ma carrière, de me sentir utile à la société. Je suis quelqu’un de motivé et j’aime travailler. Bien sûr, il faut que les missions qu’on me donne me correspondent. Mais j’avais déjà amorcé ce virage-là depuis 2017 en devenant, au sein de mon entreprise, Acheteuse Indirecte après 30 ans de carrière dans la comptabilité.
Vous aviez déjà une formation d’Acheteuse, donc ?
Pas du tout ! Comme souvent, quand dans une entreprise une opportunité se présente, la « formation » se fait en interne, geste après geste. Le seul hic, c’est que cela vous enferme un peu car vous répondez aux besoins d’une entreprise, d’une culture et d’un process spécifique.
Soyez plus précise.
J’étais devenue Acheteuse dans un domaine bien précis, avec des méthodes, des process et des outils adaptés à l’activité industrielle et la taille de l’entreprise de mon ex-employeur. Mais postuler ailleurs en tant qu’Acheteuse, sans la moindre certification, sans tout le vocabulaire « officiel » et sans la prise de hauteur nécessaire pour bien connaître le métier, je pense que cela aurait été compliqué… Raison pour laquelle j’ai choisi de rejoindre Ifocop en 2023 et sa formation d’acheteur(euse) à distance.
Parlez-nous, donc, d’ifocop.
C’est sur les conseils d’une Chargée d’orientation, dans le cadre de la procédure de reclassement engagée par mon ex-employeur, que j’ai décidé de repartir en formation. Je disposais d’un budget confortable pour le faire, de trois ans d’indemnités en raison de mon âge… Mais toutefois d’assez peu de temps car le Master que je visais réclamais deux années d’études. À mon âge, ça ne valait pas vraiment la peine de s’engager sur un tel chemin… Comme je voulais au mieux un diplôme, au moins une certification, je me suis fixée cette dernière comme objectif et j’ai alors trouvé l’offre la plus adaptée qui soit : une formation intensive en visio-conférence de 6 mois, à 100% en distanciel.
Pourquoi en distanciel ?
J’habite un petit village dans l’Oise à deux heures de trajet le matin et autant le soir pour rejoindre le Centre de Paris 11… Je préférais m’épargner cette peine et mettre ce temps à profit pour réviser ou travailler sur les exercices qu’on nous donnerait chaque semaine. Et puis, en distanciel, la formation se fait en 6 mois au lieu de 9.
Intense.
Ça, pour intense, c’est intense ! Mais ça se fait. Et surtout, ça vaut le coup. Je suis rentrée en formation en février 2023. J’avais mon certificat en poche fin juillet et décrochais un CDI de cadre (mon objectif) trois mois plus tard ! Je suis en poste depuis maintenant un peu plus de dix mois et la période d’essai est validée.
Revenons-en à ce que vous disiez tout à l’heure : vous étiez déjà Acheteuse depuis 2017. Avec ces cinq années d’expérience, avez-vous vraiment appris des choses ?
J’ai énormément appris. La formation aura compensé toutes mes lacunes conceptuelles. J’ai aussi, grâce à elle, découvert tout un vocabulaire que j’ignorais jusque-là et auquel j’avais pu être confrontée en regardant les offres d’emploi. Nous avions, grosso modo, 35h de cours par semaine, les mercredis après-midi étant réservés aux travaux pratiques, les jeudis ou vendredis après-midi aux évaluations.
Et après chaque bloc, une évaluation à valider.
Le certificat s’obtient donc à bon rythme certes, mais étape par étapes, un acquis étant validé après l’autre. L’avantage de cette formule, c’est que chaque matière est abordée en cours sur une courte durée, associée à un TP puis suivie dans les 10 jours par l’évaluation. Cette organisation nous dispensait d’une révision globale et chronophage (et bien plus stressante) de toutes les matières en fin de formation.
Un mot sur votre promo ?
Un chouette équipe de 5 apprenants, emmenée par une Responsable de formation formidable, Véronique Lalevée, aujourd’hui partie en retraite. J’ai apprécié cette formation à taille et à dimension humaines, où l’on finit très vite par oublier qu’on est à distance, par la magie d’Internet et de méthodes pédagogiques éprouvées, qui encourageant les interactions, les travaux collectifs. Après, pour l’anecdote, à la suite de l’épidémie de Covid, j’ai été pendant deux ans déjà presque exclusivement en télétravail, j’étais donc à l’aise avec ce format.
Un conseil à donner aux futurs apprenants ?
Assiduité, rigueur et curiosité. Il y a les cours, les TP, le mémoire… OK ! Mais jetez un œil aux ressources vidéo mises gratuitement à notre disposition sur le site de l’Ifocop. On y trouve des tutos et des webinaires hyper-utiles pour tout un tas de choses. Excell, LinkedIn, Word, techniques de synthèse et de rédaction… Grâce à eux, j’ai gagné un temps monumental, notamment dans l’écriture du mémoire. Vraiment, l’Intranet d’ifocop est un petit bijou. Mon conseil plus général pourrait se résumer ainsi : prenez le temps de gagner du temps.
Dans toute cette histoire, on n’a pas parlé de votre profil de « senior »
C’est vrai. Mais finalement est-ce anecdotique ou est-ce un vrai sujet ? Mon avis, c’est qu’il ne faut pas se cacher derrière son petit doigt. Retourner en formation à presque 57 ans, c’était étrange au démarrage, j’ai finalement adoré. Se présenter en tant que senior devant un employeur pour un stage ou un emploi ? En finalité, j’ai plutôt évoqué mon projet, mon expérience, mes compétences, les besoins de l’entreprise… Et en fin de compte, j’étais Major de promotion, à ma grande surprise ! Donc « Senior » ne veut pas dire grand-chose si ce n’est d’évoquer une classe d’âge.
Ha oui, et l’immersion en entreprise alors ?
Belle opportunité pour vérifier nos acquis, mais il faut rester sur ses gardes. Le risque, en effet, surtout sur une période aussi courte de trois mois, c’est de finir par faire des photocopies en tant que « petite main ». Je caricature à peine. Cela a d’ailleurs failli m’arriver, lors d’un passage dans un autre service. J’ai immédiatement interpellé la responsable du service en lui faisant part de l’objectif principal de ma présence, somme toute assez courte, dans cette entreprise : la rédaction d’un mémoire pour valider une certification bien réelle. Que le temps, donc, m’était précieux et qu’il était hors de question de le consacrer à des tâches subalternes.
J’en ai ensuite parlé à mon tuteur et émis une suggestion issue de mon observation de l’entrepôt : pourquoi ne pas me laisser l’accompagner dans l’externalisation du contrat d’entretien de locaux (env. 10000m2) ? Par chance, cette idée correspondait à un projet qu’il avait dans les cartons pour 2024 ! Il m’attribuera finalement un bureau, un PC et carte blanche pour mener à bien ce projet. J’ai même eu droit à du télétravail.
Et ?
Je l’ai fait, il a même fini par élargir le périmètre de l’appel d’offres à la partie tertiaire des bâtiments soit plusieurs centaines de mètres carrés supplémentaires. Et j’ai ainsi pour saisir la pleine dimension de mon nouvel emploi. C’était dans l’industrie pharmaceutique. J’ai entre-temps trouvé un emploi d’Acheteuse « indirecte » dédié au Services, mais dans l’aéronautique chez Lisi Aerospace. Je fêterai bientôt mes 1 an dans l’entreprise à ce poste. Car oui, nous sommes en 2024, l’achat au juste prix est devenu un enjeu majeur. Mais ça vous permettra aussi de constater que passé 50 ans sur le marché de l’emploi, peu importe le qualificatif qu’on nous donne, non seulement on vaut encore quelque chose, mais on a beaucoup à apporter !